Boniments de François Bégaudeau, les mots au service érotique du capital ?

Boniments de François Bégaudeau, les mots au service érotique du capital ?

Boniments de François Bégaudeau, les mots au service érotique du capital ?

Boniments de François Bégaudeau, les mots au service érotique du capital ?

Le 2 mars 1969, Juliette Gréco chante à télédimanche sur l’ORTF,  « Deshabillez-moi, oui mais pas tout de suite, Pas trop vite, Sachez me convoiter, Me désirer, Me captiver. » Comme Juliette, le bonimenteur enclenche son chant du désir.

Bonimentez-moi, oui mais pas tout de suite.

Le nouveau texte de Bégaudeau se présente sous forme d’abécédaire, sans alphabet, de dictionnaire, en désordre d’alphabet. Avec 42 mots, tu ne vas pas loin dans un pays étranger, tu peux commander à manger, échanger avec le serveur ou la serveuse sur la beauté du lieu et peut-être apostropher un passant pour demander ton chemin. Pourtant, l’essayiste lexical Bégaudeau en 42 mots nous permet de parler toutes les langues qui importent, qui n’en est qu’une au fond : celle des Bonimenteurs.

François Bégaudeau le définit ainsi : « Comme sa morphologie l’indique, le bonimenteur n’est qu’à moitié menteur » Le dictionnaire de l’académie renvoie à une étymologie dérivative : raconter de bonnes histoires.

En cela le bonimenteur raconte d’abord une histoire, c’est-à-dire une fable, pour un objectif simple qui définit sa parole : vendre sa marchandise.
C’est l’axe de cet essai. Parce que c’est un essai.

Au début, j’ai lu en allant directement à « transclasse » puis à « résilience. » Je me suis dit, la vache, il a encore pris le dos de sa cuillère pour écrire le François. C’était rude de me voir si moche en ce double miroir. Puis, j’ai lu dans l’ordre. C’est indéniablement ce qu’il faut faire. Dans sa facture, l’essai avance en ritournelle et en profondeur. Comme cette comptine : Marabout, marabout, marabout bout bout, bout de ficelle, bout de ficelle, bout de ficelle, selle selle, selle de cheval…etc. Dans le même temps, chaque fragment dépose des concepts utiles aux suivants.

Bonimentez-moi, mais avec retenue, pour que je m’habitue, susurre Juliette.

Le boniment a la particularité de la douceur, de la lenteur, de la fluidité qui énivrent et grisent, font plaisir à entendre. L’habituation, l’altération de soi nécessitent toute une opération érotique qui vient frapper un éthos*, l’éthos bourgeois. (*Ensemble des caractères communs à un groupe d’individus appartenant à une même société.) Si l’on se réfère à Histoire de ta bêtise, ou à Notre Joie, les derniers essais de François Bégaudeau, Boniments n’appartient pas au même geste critique et les complète quand même. Boniments prend la voie de la limpidité, de la clarté, de la brièveté pour frapper fort et juste. La première entrée intitulée Libéralisme, donne le ton et la méthode : « Dans libéralisme on entend liberté, et donc on n’entend rien. » Il s’agit de déplier des mots pour déplier des falsifications érotiques du langage : liberté est un mot jouissif, mais n’est souvent que cela. Son exercice dans le réel ne dépasse pas les frontons des monuments publics. L’écriture de ces morceaux choisis, morceaux de bravoure, fragments de papier sont écrits avec rigueur, humour et efficacité. François Bégaudeau propose un texte à la fois contemporain et désuet comme son titre : entre un classicisme ironique et une causerie dix-huitiémiste. Ponctuation expressive et questions oratoires, démonstration par l’absurde, anaphores ironiques, extrême précision du raisonnement et simplicité de la formule, on se régale à la pensée et au raisonnement, aux formules et aux piques assenées au fleuret.

Extrait :

« (…) Sur tout sujet, la liberté est hors sujet. Sa mention dans les débats n’est que le fait d’individus appliqués à les biaiser. Ces honnêtes hommes chercheraient ils à faire diversion ? Aurait-il quelque chose à cacher ? Leur glorieuse liberté serait-elle l’écrin flatteur d’un dessin peu glorieux ?
Qui prône la liberté prône toujours autre chose. Qui l’érige en valeur valorise autre chose.  
Que valorise le libéralisme sous le couvert de cette liberté qu’il place en son cœur ? Par quoi faut-il remplir le vide autour duquel ce discours se déploie ? La réponse ne viendra pas des libéraux trop conscients qu’on ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens et habiles à entretenir la bivalence originelle de leur théologie.
Dès ses prémisses, la pensée libérale préconise d’un même trait de plume la liberté politique et la liberté économique. Libérez les peuples, libérez les marchandises. Soustraire les sujets à la tyrannie, soustraire les marchands aux rentes féodales et royales. Faire advenir des citoyens, faire foisonner des échoppes. Depuis lors on ne sait jamais si celui qui se proclame libéral parle de ceci ou de cela. Feint de parler de ceci pour mieux parler de cela. Où est le ceci ? Où est le cela ? Dans ce bonneteau à 2 cartes on se perd et c’est le but.
C’est que ceci et cela marche ensemble prêche le libéral. La liberté de se divise pas ! s’emballe-t-il. Et si la libération du marché n’engendre pas toujours la libération des sujets, eh bien il le déplore.
Le libéral souvent déplore. La déploration est la variante conservatrice du fatalisme.
Humaniste viscéral le libéral déplore que l’ouverture de marchés en Afrique n’ait pas entraîné la chute des dictatures locales mais plutôt leur doublement par l’oppression coloniale. Déplore qu’on doive commercer avec la Chine que son ralliement au marché n’auras pas conduit à épouser nos valeurs. Déplore qu’afin de protéger leur prébende sud-américaine les États-Unis diligemment servis par la CIA été contraints d’installer des régimes eux-mêmes contraints de supprimer les libertés politiques.

Bonimentez-moi, sachez m’hypnotiser, m’envelopper, me capturer poursuit Juliette.

Chaque fragment se lit et se relit, se pense et s’enchaîne. La valeur marchande est ainsi déployée dans toutes ses ramifications fondées sur ce socle/malentendu très pratique : si l’on désire la liberté, désirons le libéralisme, si l’on désire le libéralisme, désirons tout ce qu’il désire. Ainsi la capture par le mot, n’est pas qu’une capture de l’esprit mais aussi des corps. Le travail lexical de François Bégaudeau énonce des notions, des mots-clés, des concepts, des mots-gadgets de notre époque qui défendent un modèle économique avant tout. Comme de fait-exprès. Si l’on veut être détracteur de cette évidence, s’opposer au marxisme sur-jacent de François Bégaudeau, il suffit de le lire, car en bon dialecticien, il ne s’épargne pas.

Le mécanisme est simple. Qui subit consent.

Il faudrait un me-too capitalisme qui irait chercher les situations systémiques en lieu et place des constats épars qui rassurent et espérent un « gentil » et raisonnable capitalisme. La déconstruction verbale de ce système est méthodiquement abordée ainsi :

Ordre alphabétique, nein, ordre chronologique, niet, ordre croissant, nope, ordre décroissant, no, ordre dialectique ? Yes. Comment écrire une dialectique en 42 entrées ? En tenant le cap, en maintenant la narration et l’analyse, en liant et reliant des mots aussi éloignés l’un de l’autre que trottinette et Netflix.

Bonimentez-moi, Avec délicatesse En souplesse Et doigté, insiste Juliette.

Comme La Bruyère. Collégienne, on m’avait demandé d’écrire un portrait à la manière de La Bruyère. J’avais fait le portrait de ma cousine Badiâa et avait récolté une note basse pour cause de portrait pas crédible. Et pourtant tout était vrai. La vérité n’est pas crédible quand elle échappe à l’expérience du lecteur incapable de projeter son horizon d’attente au-delà de ses habitudes. François Bégaudeau n’a pas envie d’avoir une mauvaise note, il y a pensé. Alors il utilise la technique du portrait en acte. Exemple :

« Réputation
Sans mépris aucun, Valentine s’agace un tantinet du business des influenceuses.
Valentine n’a rien contre ces créatures à faux-cils, sinon qu’elle piétine la valeur travail qu’elle a chevillée au corps. Inviter un jour à donner ses droits valeur de vie dans un week-end cohésion de son ancienne boîte, Valentine a écrit travail et ensuite seulement famille et liberté. Sans mépris aucun, que font les influenceuses ? »

Valentine est prise en défaut dans sa vie même, elle est community manager. Ce que l’on s’organise à mépriser en disant ne pas le mépriser n’est pas tant l’influenceuse issue de la téléréalité mais l’argent qu’elle gagne, la facilité qu’elle a de gagner de l’argent, qui étonnamment insupporte quand il s’agit des influenceuses et plus rarement quand il s’agit de rentiers. Valentine vend de la réputation et ne comprend pas qu’on gagne sa vie avec sans passer par elle.
Mon portrait en acte préféré apparaît dans l’entrée « Job (faire le) » Il s’agit de la concierge d’un immeuble, Manuella Luisfigo, femme docile et parfaite, elle manque à ses travaux et à sa perfection habituelle écrasée par le chagrin. Son frère est mort, tombé d’un échafaudage. François Bégaudeau fait alors le récit des A.G. des propriétaires qui s’inquiètent, puis s’agacent, puis se mettent en colère, punissent et veulent déloger la femme de son poste et même de son appartement. La montée méthodique vers la violence n’est pas portée par des cœurs méchants – au contraire – mais la simple protection de la propriété et le bon droit – contingent – de la propriété. La fin du fragment fait rire et pleurer.

« Le contrat était pourtant simple, officialisé par le papier à en-tête du syndic. Le job est fait, nous payons ; le job n’est pas fait, nous ne payons pas. Or le job n’est pas fait, et pour cause. Nous trouvons Madame Luisfigo en t-shirt long Snoopy, à moitié vautré sur son canapé, un pot d’Häagen-Dazs posé sur le ventre. Le candidat de "n’oubliez pas les paroles" a choisi « savoir aimer » de Florent Pagny. De sa voix fluette, Madame Luisfigo l’accompagne en s’embrouillant dans les infinitifs. Au surgissement tonitruant des pompiers son chat Alain affalé sur un coussin brodé d’or a ouvert une moitié d’œil. »

Maintenant, tout de suite, Allez vite, Sachez me posséder, Me consommer, Me consumer.

Le boniment dévoile toutes les opérations de falsifications à la fois médiatique (usage du mot « puissance » par Léa Salamé), intime et social (la posture du transclasse Edouard Louis), politique et médiatique (les tempêtes de Pascal Praud)…L’intention est toujours la même dans un mouvement perpétuel que l’on pourrait taxer d’obsessionnel :  valorisation de la valeur et des valeurs valorisant la valeur. Sont puissantes les femmes puissantes (incidemment de pouvoir), est transclasse tout l’élan d’Edouard Louis, justifiant sa migration sociale par le travail…On consomme de l’Edouard Louis comme on consomme tous les individus à même de rendre culte et grâce à une classe sociale à même de se laisser consommer. C’est un vertige qui déplace les repères.

Qui ne résiste pas consent.
Qui se ment consent. Et en jouit.

L’ironie bégaudienne se plaît à la cruauté douce en mimétisme de la rhétorique marchande, le voilà à pratiquer l’euphémisme pour noter le renversement des valeurs, mais surtout les mensonges qui sont on le sait bien des fausses vérités et parfois l’inverse :

« Les licenciements d’aujourd’hui sont réellement les emplois de demain. Un cadre du Medef le disait encore hier sur une station amie BFM Business ou France Inter : si vous voulez que les patrons embauchent, permettez leur de licencier. On engage d’autant plus  généreusement un travailleur qu’on est certain de pouvoir le dégager et puis c’est du bon sens : 100% des gens qui ont retrouvé un boulot ont d’abord été licenciés. Comment veut-on embaucher quelqu’un qui n’a pas été éjecté de son emploi précédent il ne va quand même pas cumuler deux jobs ce serait inhumain. »

On n’est pas sans penser à Pangloss, justifiant la forme du nez par celle des lunettes. Plus loin, c’est le docteur Knock qui nous apparaît, le voilà découvrant des troubles à défaut de maladie. A se demander si cela gratouille ou chatouille, il faut alors un traitement et ce traitement sera d’autant plus efficace s’il est coûteux et inutile au patient. Diminué, il est moins rentable, moins compétitif, ça se soigne, mais ce sera pas gratuit.

Détournement de forme et de fonds.

C’est le cœur de cet essai, la forme détourne les fonds, au nez et à la barbe de celui qui croit avoir planqué son portefeuille en lieu sûr. Déjà, Simone Weil dans une conférence sur Ford, montrait comment l’usage du terme rationalisation était un abus pour légitimer une plus grande exploitation de la force ouvrière. Sans augmenter le temps de travail mais en augmentant la cadence, on obtenait gratuitement un supplément de force et d’âme sans aucune rétribution. L’ouvrier soumis à la cadence augmente l’intensité de son travail, travail masqué même à ses propres yeux. L’usage du temps et la domination par le temps ne peut pour Weil se résumer aux temps de travail mais au rythme auquel on l’exécute. L’impression de modernité du fordisme était pour elle un retour à l’esclavage, esclavage qui n’avait même pas le courage de se montrer sous le fouet mais en obtenant soumission des corps et des esprits. En détournant toute l’attention ouvrière grâce à la répétition de gestes à une vitesse inhumaine.

L’attention, « or noir » de l’ère digitale, est déjà en 1937 la matière à capter par les forces du capital. En 2023, cette attention est prise et elle est offerte, elle est donnée et récompensée, elle est choyée et caressée, moneyée. La violence du fordisme n’a pas disparu mais elle se grime dans une soie numérique qui transforme tout en achat.

Choisissez bien les mots
Dirigez bien vos gestes
Ni trop lents, ni trop lestes
Sur ma peau

Voilà, ça y est, je suis
Frémissante et offerte
De votre main experte
Allez-y

Oh, déshabillez-moi gémit Juliette.

C’est à ce prix là que vous mangez du sucre en Europe.

Disait l’amputé à Candide. Voltaire, sans s’opposer à l’esclavage de manière explicite en décrit quand même la mécanique assassine. Le commerce triangulaire est un commerce qui obtient des douceurs par le massacre. Ce qui a changé ? L’abolition de l’esclavage. Ce qui est resté :  le prix à payer en violence pour que d’autres ait la paix.

«L’individu libéral aime autant ne pas songer que son pays libre n’a pas éradiqué mais délocalisé sa violence propre. Que sa paix est au prix des guerres que le monde libre accompagne, attise, déclenche. Que sa liberté est au prix de la contrainte qui pèse sur des humains hors de vue. Gorgée de paix, il la croit accessible à tous ses congénères même moyen-orientaux. »

François Bégaudeau n’écrit pas un conte philosophique mais en adopte une part de l’intention par le geste d’éducation populaire. Plus accessible que les deux derniers essais il les traverse par un angle qui permet une lecture à la fois anglée et structurelle des mots du capital.

François montre dans l’article « Phone » comment « l’offre s’impose sans demande ». Le téléphone portable devenu indispensable pour tout ne peut manquer, il n’existe pas de tout temps. Il manque dès lors qu’il devient une interface globale et individuelle d’achat, ou l’individu devient consommateur/travailleur/produit, synthèse hybride du XXIème siècle qui veut qu’un sou, c’est un sou. Une data, une data. 24H sur 24, flux tendu, immortalité, l’acheteur est highlander, il ne dort plus, il consomme.

Le radical, comme je n’ai de cesse de le répéter, s’intéresse aux racines, au fait causal, puis aux effets. Il ne s’agira pas de se conforter dans une seule cause ou d’excuser ou accuser les causes mais de les montrer, en les démontrant. Une démonstration sans raisonnement et sans précision est un avis. Tout le monde peut donner son avis. Un avis ne devient pas une pensée.

Qui ne choisit pas consent.
Qui est radical est nuancé.
Qui donne son avis, ne pense pas.

La lecture marxiste est une lecture systémique que l’écrivain Bégaudeau auto-dérisionne et applique: « Je retombe dans mes travers. À peine abordé cette nouvelle rive que j’y plaque mes grilles politiques. J’arpente les tiers lieux avec un biais de confirmation. Dans ce Havre d’entraide, je trouve le loup commercial que je cherche partout. »

Alors l’article « Transition », véritable opération analytique de déconstruction de l’affabulation de la douceur capitaliste, vient révéler la force consciente et aveugle qui souhaiterait « qu’on recommande vivement à ceux qui nous achètent des armes de ne pas les utiliser. » Et de conclure : « Les néonicotinoïdes et les abeilles se serreront la main. Aux abeilles pour l’occasion il poussera des mains, et aux poules des dents. »

Evasion lexicale

« Mais au fait, sommes-nous vraiment enfumés ? Et si nous le sommes c’est vraiment la langue qui nous enfume ? »

C’est la pirouette finale et honnête de l’essai : écrivant sur la langue, la langue et la plume ne se fourvoient-elles pas ? Complice à son corps consentant, à son esprit défendant, François Bégaudeau ne surplombe pas les faits dont il cause :

« Le néocapitalisme se comprendra comme l’ensemble des phénomènes concourants à l’extension de l’empire de la marchandise sur le vivant, sur nos vies. On pourra lui préférer capitalisme hégémonique. Ou capitalisme absolu. Ou capitalisme intégré. Ou capitalisme assimilé, chaque membre de l’espèce humaine se trouvant, à son échelle, à la fois contaminé et contaminant, à la fois agi et agent. »

Boniments- François Bégaudeau

Dans le dernier fragment intitulé « Novlangue », l’écrivain retourne alors son geste premier : à s’attacher aux mots et en oubliant la chose, « l’intellectuel contestataire » ne réalise-t-il pas l’ultime désir du marchand ? Regarder la lune de l’idiot tandis que le doigt compte l’argent ?

dalie Farah

FLORILEGE

"Sortir de sa zone de confort veut dire étendre sa zone de prédation commerciale" page 88
D’ailleurs, davantage d’insécurité de l’emploi, n’est-ce pas un cadeau à faire aux premiers concernés ? N’ont-ils pas le droit eux aussi au coup de boost d’une reconversion professionnelle forcée ?" page 90
"L’industrie pharmaceutique ne provoque pas la maladie, mais ses besoins actionnariaux lui font voir la maladie partout, comme les nuits du chercheur d’or sont hantées de pépites." page 110
"S’il n’y a pas de société et seulement des individus virgule il n’y a pas de problème de société mais des problèmes individuels point le problème de l’individu niche dans l’individu sous forme de maladie ou de vice. » page 115
« Lorsqu’un projet de loi rencontre une opposition, un gouvernement paternaliste est convaincu que cette loi nécessaire a juste été mal expliquée et qu’il suffira de faire de la pédagogie pour apaiser la contestation. On éduquera les masses à comprendre qu’une loi qui leur nuit leur profite. » page 116.
"Néolibéralisme est une néo-manière de ne pas dire capitalisme." Page 132
« La fable répandue d’une montée de l’individualisme recouvre tout bonnement une individualisation du travail qui inclut les gestes bénévoles du self consommateur. » Page 136
« Je suis un producteur. Le réseau social me fournit le tuyau, je lui fournis le contenu c’est un contrat de travail sans contrat ni rémunération. » Page 142
« L’industrie asiatique reprend le flambeau du soft Power américain ce n’est pas que le monde asiat vise, c’est que l’Asie en devenant l’atelier du monde, est devenue le premier pôle de production du divertissement occidental. » page 145
« Est pratique ce qui fait gagner du temps » page 149
« Le vrai bosseur bosse en permanence. Il bosse nuit et jour - il dormira quand il sera mort. Il a toujours bossé et bossera jusqu’au bout - ne lui parlez pas de retraite. » page 151
« Ce qu’actionnaire veut, la loi le fait. » page 157
« Entre autres avantages pour la firme qui me le refourgue, l’abonnement dilue l’achat. On se rappelle à peine l’avoir souscrit et il court toujours. Sauf interruption de ta descendance, il courra après ta mort pas plus que de ton vivant tu ne le sentiras passer. » page 160
«La série réalise l’utopie capitaliste du flux lucratif. » 166
« Algorithme. Mon ignorance de la chose ne m’empêche pas d’en tirer une opinion. Cette opinion est sans surprise négative. Je ne suis jamais autant de mon temps qu’en critiquant mon temps. » page 168
"Une rue piétonne est à tous les coups une rue commerçante. » page 174
"Nos territoires sont bien les nôtres pas ceux des gens de passage ou venus chez nous si récemment qu’encore incapables de faire pousser un camembert dans leur jardin" page 177
« La formation ne relève pas de l’émancipation mais de la rééducation. »page 183