C’est pas la peur, c’est la vengeance, c’est la joie et le désir d’ordre armé
1 juillet 2024 2024-07-01 8:45C’est pas la peur, c’est la vengeance, c’est la joie et le désir d’ordre armé
C’est pas la peur, c’est la vengeance, c’est la joie et le désir d’ordre armé
C’est pas la peur, c’est la vengeance, c’est la joie et le désir d’ordre armé
Hier j’ai vu les corps,
les corps victorieux,
les corps jouissants,
non pas soulagés de leur crainte mais réparés,
apaisés d’un nouvel ordre qui pourrait advenir.
J’ai vu les corps contents d’eux-mêmes,
nullement coupables ou gênés,
mais gagnants,
enfin gagnants.
Ces corps qui ont dû accepter la défaite du temps, de l’évolution des mœurs, des égalités croissantes n’en peuvent plus de renoncer à leurs privilèges, les vrais comme les symboliques. Le Rassemblement, n’est pas un rassemblement, ils ne forment pas une fraternité mais une orgie de perdants espérant le retour vers le temps des bottes et de la rigueur des exécutions. Qu’est-ce qui est national dans ces discours heureux de délirer des arbres généalogiques qui leur donnent la seule gloire d’être né par hasard dans un pays affublé de frontières et d’une histoire coloniale ?
Hier, j’ai vu aussi la belle compatibilité entre tous les désirs d’ordre armé et l’ordre capitaliste (toujours violent).
Prix de l’essence et insécurité. Bullshit.
Pouvoir d’achat et insécurité. Bullshit.
Woke et insécurité. Bullshit.
Qgduyrpluvnnègu et insécurité. Bullshit.
J’ai vu leur corps se redresser, j’ai vu les érections et les humidités.
J’ai vu le résultat non des urnes, mais de politiques avilissantes qui protègent quelques gagnants sociaux pour créer un maximum de perdants sociaux dociles et insécurisés.
Hier, j’ai vu des corps non en désir légitime de sécurité sociale,
de loyers payés et
de vacances mérités,
mais des corps fatigués de perdre.
Fatigués de renoncer, fatigués de vivre l’inédit de la paix impossible.
Leur désir de vie normale, est un désir d’épure.
J’ai vu des corps désirant une épure vers la normalité. La normalité ? La soumission des femmes, des pauvres, des minorités, la soumission de tous ceux qui valorisent leur sentiment de supériorité. La normalité c’est soi, la normalité c’est soi sans les soucis, le souci c’est ce soi qui n’est pas moi, qui ne peut pas l’être et qui va me prendre mon moi. Mon moi n’est pas fait de peur, il est gavé de ressentiment xénophobe, mon moi a besoin de toi pour jouir. Comment faire exister l’étranger plus que de mesure ? En le nommant coupable et bouc-émissaire ? Oui. Mais pas seulement, en nourrissant une immense mauvaise foi sur ses propres impuissances et en croyant la conjurer par la xénophobie.
Si j’avais de l’humour, je pourrais rire de toutes ces milliers d’heures d’EMC sur les valeurs de la République dont on bassine les uns et les autres pour civiliser les Barbares que nous sommes, je pourrais rire de l’invention des eco-terroristes et de toutes ces haines tournées contre les féminismes et les luttes sociales de genre.
Second tour : solidarité
Toutes les revendications sociales oppressent les mélancoliques, les nostalgiques, les déjà-morts des chaîne d’info, ils ne sont vivants de rien, et jalousent la force de vie de ceux qui luttent au nom de l’amour. Oui, de l’amour. L’amour est une force et s’adosse à la justice : aimer le vivant ou son prochain, c’est l’issue : nous n’avons pas d’autres choix socio-économiques que la solidarité.
Oui, je ne suis pas sur les barricades et derrière les micros, je n’ai plus la force ni le corps. De plus en plus recluse, de plus en plus incapable de sortir, de fréquenter les foules, de supporter le bruit (hyperacousie) et la lumière (photosensibilité), ma santé décroit mais comme beaucoup je suis en colère, en désir de larmes et de rage. Je refuse de céder. Il faut protéger sa joie de vivre, de toutes les façons qu’on peut.
Il faudra inventer nos résistances, montrer notre présence, conjurer nos peurs, organiser des caisses de grève, se mettre dans tous les rouages ; la résistance, ce n’est pas la camps du bien contre le mal, c’est mieux que ça, c’est celui de la fête, oui j’ose l’écrire. La fête après la défaite, c’est la possibilité de la survie. Il faudra des juristes, il faudra des associations, des collectifs, il en existe déjà, il faudra les renforcer, il faudra des syndicats, il en existe déjà, il faudra les renforcer, il faudra des journalistes non courtisans, il faudra les aider, participer aux cagnottes et/ou aux actions. Il faudra se protéger les uns, les autres. Les victoires ou les défaites à venir, je ne les connais pas, mais je suis certaine d’une chose, la force on l’a, c’est la vie elle-même.
dalie Farah