Gens de Clermont II- La névrose de l’ange

Ecriture en cours- Oratorio

Ce texte est né de plusieurs sources : une nouvelle, un roman refusé, la rencontre avec une comédienne clermontoise dont la prestation portait des paradoxes intéressants et un recueil de paroles initié par Loïc Nowak de la cour des 3 coquins via un projet porté par la Ville de Clermont-Ferrand.

Ces matières ont trouvé à se confondre en un texte grâce à plusieurs intuitions au cœur de ces quatre expériences.

Extrait :
LA MESSAGERE - Dieu me garde. Dieu me garde et me protège toujours. Je vois la lumière de Dieu dans chacun de mes pas parce qu’il me garde. Comme personne ne m’a jamais gardée. Mieux que ma mère et mon père, mieux que mes frères, mieux que les profs et mieux que mes amis, Dieu me garde et c’est bien comme ça. Je marche en regardant mes pieds et parfois je lève les yeux au ciel, je le vois, je le vois toujours, même si je lève la tête par surprise, je le vois, il me voit, on se regarde. Souvent je marche. Parce que Dieu me garde. Il me gardera toujours. Je ne vais jamais m’enfuir de lui. Il me parle et je ne l’entends pas toujours, je tends l’oreille, j’essaie de me concentrer ; parfois c’est le silence et d’autres fois je crois déceler quelque chose et c’est ce murmure qui me guide. Je n’ai pas besoin de comprendre les paroles, puisqu’il me garde, près de lui. Dieu me dit tout, et c’est reposant, je n’ai jamais à me méfier. Je trouve qu’il a de l’humour aussi, surtout quand je cours et que je pense à lui, je sens que c’est drôle d’avoir les cuisses qui tressautent, les seins qui bougent et Dieu qui rit avec moi. Il n’a pas honte de moi, il a pris ma honte et me garde précieuse. Je n’ai besoin de rien savoir, rien réciter, rien apprendre, rien répéter ; il me suffit d’aller dans mes prières sans mots comme dans les bras d’un fauteuil. Dieu est confortable. Dieu ne fait jamais de mal. Il s’inquiète souvent. Mais il ne peut pas tout, j’essaie de le consoler. On ne peut aimer et forcer à aimer. Il le sait bien, il a inventé l’amour. C’est lui qui m’envoie. Je n’avais pas vraiment envie de venir, encore moins de parler. Ce que je sais de Dieu, je ne l’ai jamais appris. J’ai même tout fait pour ne rien savoir.