Les humanistes sont unanimes avec moi : le racisme c’est mal.

Les humanistes sont unanimes avec moi : le racisme c’est mal.

Les humanistes sont unanimes avec moi : le racisme c’est mal.

DIALOGUE HUMANISTE CONFUS EN NOIR MAJEUR

Les humanistes sont unanimes : le racisme c’est mal.

Je ne voulais pas intervenir sur ces sujets, j’essaie d’avoir cette discipline depuis plusieurs années :  ne pas me mêler impulsivement des débats faussement politiques, occasions non dissimulées d’une orgie raciste et/ou anti-sociale. Que pourrais-je apporter sinon mes propres eaux usées à un torrent qui charrie dans le même flux des voix éclairées, des paroles de bon-sens, de la mauvaise foi, de la douleur, de la bêtise, de l’angoisse et une jouissance explosive à insulter et à mépriser ?

C’est tellement mal le racisme, que lutter contre serait dangereux ?

La confusion confusionne plein pot quand tu as par-dessus le marché des créatures elles-mêmes racisées qui repèrent parmi leurs rangs les brebis qui menaceraient la République, ces grand.e.s spécialistes se prennent pour des Cassandres/Druides exotiques et annoncent toutes sortes d’apocalypses de type Noir et Arabe ; ça m’afflige, m’énerve et me fait rire quand certaines analogies  racistes grotesques sont lancées en indignation stupide et oraculaire.

En moi, je suis en voie d’apaisement avec ces questions, je suis bêtement gauloise à tendance berbère, une et multiple, nietzschéenne et vitaliste, j’habite Clermont-Ferrand, et franchement, je me dis souvent ils sont fous ces romains.

La France a (toujours) peur du NoiR

Le nouveau ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye

Là je suis chagrine. Pap, anciennement Papa, normalien, fils de prof et d’ingénieur, historien, spécialiste de la question Noire, qui possède au moins quatre membres de sa famille sur Wikipédia est nommé ministre de l’éducation nationale depuis quelques secondes que ça part déjà en sucette. Les confus de tout bord ouvrent leur clapet et lâchent leur plume glaireuse pour le salir et lui prêter toutes sortes de crimes et d’intentions depuis… la couleur de sa peau.

Le racisme c’est mal mais comme on est en démocratie, liberté d’expression, bla bla bla, c’est pas la Corée du Nord, on a le droit de préciser que les pauvres Arabes et les Noirs pauvres bof bof on n’aime pas bien – et ceux qui les défendent aussi.

 C’est fou, comme si ce garçon après 56 ans devait prendre acte qu’il est noir. J’imagine qu’il n’a pas eu à subir les difficultés du commun (logement, travail, contrôle policier, pauvreté etc) mais je suis certaine qu’il a dû ressentir ce regard ségrégatif que ce soit dans sa bienveillance suspecte ou sa méfiance appuyée. Je ne connais pas cet homme, mais ce sont ses premiers mots qui m’ont déçue, à peine une minute qu’il avait la parole et voilà qu’il se vend/vante d’être le produit de la méritocratie républicaine. Pour se justifier d’être ? Doit-il prouver des qualités et une valeur que d’autres ne défendent jamais ? D’abord, de la rigueur. Ne connaît-il pas les statistiques ? Comment peut-il établir depuis sa chance un mécanisme qui ne fonctionne pas ? Veut-il qu’on incrimine les (Noirs) Français qui n’ont pas fait Henri IV et les exclure de la République qui reconnait les siens selon leur mérite ? Je me réjouis de ses joies et de ses fiertés comme je le fais pour n’importe qui, mais peut-il s’enorgueillir d’un parcours qui n’est qu’une exception heureuse profitant à sa propre (et seule) destinée ? Faut-il qu’on se mette à mille pour défendre un ministre quand on est personne pour défendre une vie anonyme moins chanceuse ?

Le racisme c’est mal ; mais c’est un peu de la faute de ces gens-là,  faut voir comme ils se font remarquer avec leur couleur de peau, leur vêtement, leur tête ; pourquoi ont-ils une tête d’ailleurs ? Et qu’est-ce qu’ils foutent encore là ? blablatent-ils.

Ensuite, c’est pour l’exemple : Faudrait-il pour l’éternité prêter allégeance et prouver sa bonne foi républicaine selon sa couleur de peau alors que les pourfendeurs de tous les pactes fraternels sont libres de leur mouvement et de leur parole ? Libres d’un système économique qui casse méthodiquement tous les services publics en hurlant à la protection des valeurs républicaines tout en les balayant de réforme en réforme ?

Ils sont fous ces romains.

Essentialiser un ministre depuis sa couleur, nier la violence raciste, souligner tel ou tel tweet, je n’en ai ni l’envie, ni le talent. En plus j’ai pas Twitter.

Je suis au service de l’éducation nationale, cela ne devrait pas être une honte, ni une hantise ; au début de ma carrière, il y a 27 ans, j’avais eu peur au sujet de mon premier poste, peur d’un Jacquouille hurlant après moi comme après le postier noir, une Sarazine, peur qu’il me jette des pierres.

Va voir ailleurs si j’y suis, Jakadi a dit, dehors. Déjà le bruit et en plus l’odeur.

La France a peur du Noir, de ses obscurs affects historiques. La France a peur du Noir et ne veut pas qu’on allume la lumière. Elle aime sa peur, lèche ses sucs et ses sueurs, pour s’indigner de ce qu’elle peut contrôler ; la menace est grande, le Noir est historien, et il fait partie de l’histoire de France, il pourrait non pas la changer – malheureusement- mais en faire un récit défavorable aux confus qui aiment avoir peur et faire peur.

Donc, le racisme c’est pas bien mais, de nos jours, bon, ça dépend, faut pas non plus céder hein, ça dépend si c’est un racisme républicain ou pas, on n’est pas en Afghanistan, faut pas confondre.

C’est pas mon sujet. Je suis prof. J’en ai assez d’observer ces élèves, assis du lundi matin au vendredi soir, je suis triste de les voir gâcher leur jeunesse, leur vitalité, leur vie à s’assoir, à obéir, à se taire ; à user des jours de vie dans une école qui ne cherche plus à les rendre joyeux et autonomes. (L’a-t-elle fait un jour ?) C’est misère de les voir malheureux, sans espoir, de leur manger toute leur journée, leurs années, leur avenir, leurs fiertés ; de les convaincre de leur bêtise, de leur faiblesse depuis des évaluations assassines et souvent bêtes. Tout ça parce que des comptables privatisent et rentabilisent un argent qui ne leur appartient pas. Ecrivaine et professeure, je suis une bien piètre militante.

L’acte d’enseigner est un acte heureux, je l’aime vraiment mais cela ne me rend pas (plus) aveugle aux violences scolaires, à la solitude des êtres, au sentiment terrifiant de nourrir une machine de destruction des faibles. C’est insupportable. Pourquoi ces rythmes scolaires ? Ces effectifs ? Ces modalités d’uniformisation ? Ces meurtres du désir en chacun d’apprendre ? Ce mépris des enseignants ? Cette habileté au non-sens ? Quelle promesse de vie faisons-nous à ces enfants ? J’ai honte, honte, honte.

Pap Ndiaye fera-t-il un bon ministre de l’éducation nationale, attention, spoil : non. Il est dans un gouvernement qui poursuit la politique de casse amorcée avant lui, sa couleur, son intelligence, sa gentillesse et sa finesse éventuelles ne pourront qu’obéir à ce pour quoi on l’a engagé. On en est tous là.

Chacun sa place, sinon, on s’en sort plus, une poule y retrouve pas ses petits, une cane ses dents et le chien sa chienne. 

Quand on a peur on sursaute, on tape, on insulte et parfois on tue. Concédons : pour justifier le crime, il est quand même bon d’avoir un alibi…et DONC, la peur est le meilleur d’entre eux.

La peur permet l’injustice, elle légalise l’injustice et la violence, comme légitimes défenses.

La France a (toujours) peur du Noir…. depuis sa propre obscurité, un désir de chaos, de destruction amorcée partout, tout se meurt et s’affaiblit, ça saute aux yeux, alors on tweete pour détourner le regard des mains destructrices et espérer rester dans l’obscurité. Sur les écrans tactiles, les doigts menteurs désignent une victime expiatoire, heureux de dissimuler les coupables dans le plaisir jouissif d’un confort qu’ils pensent mériter. CQFD.

Jean-Pascal Zadi résous avec brio et profondeur la question posée par les uns et les autres : Tout simplement Noir.

J’ajouterai, Tout simplement là. De droit.

dalie Farah