Les Illuminés- ou la peinture de trois vies poétiques : Rimbaud, Verlaine, Nouveau.

Les Illuminés- ou la peinture de trois vies poétiques : Rimbaud, Verlaine, Nouveau.

Les Illuminés- ou la peinture de trois vies poétiques : Rimbaud, Verlaine, Nouveau.

Les Illuminés- ou la peinture de trois vies poétiques : Rimbaud, Verlaine, Nouveau.

. J’ai croisé Jean Dytar dans une rencontre littéraire organisée par l’agence du livre. C’est assez vite que l’on devine le talent d’un Bédéiste

Son dernier album m’a d’autant plus intéressée qu’il évoque deux poètes que j’aime énormément. Rimbaud et Verlaine. Il est aussi question de Germain Nouveau qui n’a pas survécu à la renommée des deux autres, peut-être parce qu’il ne la désirait pas.

Les planches sont organisées de manière horizontale, bandeaux qui viennent modifier le sens de la lecture et mettre en scène trois destins croisés. Chacun possède son nuancier de couleurs. Du sépia au bleu nuit, Jean Dytar peint trois destins poétiques mais aussi trois amitiés.

Loin de faire un objet de consommation pédagogique, Jean Dytar avec JF Bollée au scénario, met en lumière des moments méconnus de ces trois poètes. On ne retient de ces hommes que les reliefs, les bonnes anecdotes mais on ne sait pas vraiment comment était leur vie, dans Les Illuminés, nous avons le récit de ces temps morts qui sont la vie réelle de ceux qui écrivaient à cette époque.

Savoir que Verlaine a fait de la prison en Belgique après avoir tiré sur Rimbaud c’est une chose, mais le voir en prison en est une autre. Savoir que Germain Nouveau a eu en mains Les Illuminations est une chose, mais apprendre comment sans lui, elles auraient peut-être disparu en est encore une autre. Bien sûr, on ne saura pas tout et certaines choses sont difficiles à entendre en 2023 : Verlaine était un homme violent, il aura maltraité son amoureux, sa femme et sa mère dans ses frasques et ses ivresses inconsidérées.

L’art du récit est soutenu par l’art de peindre, ou plutôt c’est l’art de peindre qui fait la beauté de ces récits. Le choix de la peinture impressionniste – en apparence classique – assorti au découpage en bande créent un mouvement très contemporain qui rend hommage à ce siècle dont les esthétiques convergeaient à la simplicité et à l’impression.

Rimbaud et Verlaine cherchaient une langue légère, populaire, loin de la virtuosité sclérosante de leurs ancêtres, Jean Dytar réussit par ses tableaux à peindre ce désir-là. Cet amour pour les mots mais aussi celui de la vie. A la morbidité de Verlaine, on peut opposer la vitalité de Rimbaud et la sagesse lucide de Germain Nouveau.

Il y a ce truc narratif et impressionnant dans le travail de Jean Dytar, ce quelque chose aussi de prudent, sérieux, l’application de la besogne et la minutie d’un timide qui ne cherche dans la lumière que la possibilité de peindre les ombres.

dalie Farah

« - Être ou ne pas être publié m'a beaucoup empêché de vivre, voyez-vous... Aujourd'hui, je vis. Et quand j'écris, c'est comme quand je mange, quand je marche, quand je ris, quand je prie... C'est ma façon d'être vivant. Vous comprenez ? »

Oui, je comprends.