Oui, il y a mépris, oui, il y a jouissance à mépriser. Face au mépris : désobéissance et résistance sont les seules dignités possibles.

Oui, il y a mépris, oui, il y a jouissance à mépriser. Face au mépris : désobéissance et résistance sont les seules dignités possibles.

Oui, il y a mépris, oui, il y a jouissance à mépriser. Face au mépris : désobéissance et résistance sont les seules dignités possibles.

Oui, il y a mépris, oui, il y a jouissance à mépriser. Face au mépris : désobéissance et résistance sont les seules dignités possibles.

Je pourrais ajouter ma diatribe pour démontrer que les pauvres sont pauvres, que les vieux sont vieux, que le travailleur travaille, que l’hôpital crève, que l’école agonise, que la justice étouffe, que la pluie mouille mais pas assez souvent, et que le climat se réchauffe. Mais à quoi bon ?

Les témoignages et les preuves du désordre social créé par un système marchand inique suintent de partout. La réforme des retraites vient frapper un des constituants majeurs de notre société telle qu’elle s’est élaborée au fur et à mesure que l’argent devenait une valeur et la vie un outil.

Je pourrais faire un cours de philo sur le fait « travail » : un fait social total construit comme une des essences de l’humanité et qui est devenu la propriété de ceux qui possèdent le marché. Mais à quoi bon ?

Je crois que les gens ont parlé, bien parlé, les syndicats bien expliqué, les économistes, les manifestants, les grévistes : ils sont clairs, c’est non, cette réforme c’est non.

Je pourrais écrire un texte lyrique sur la méchanceté d’untel ou d’unetelle. Faire la liste de leurs phrases assassines, de leurs argumentations fausses, de leurs mensonges méprisants.

Ils ne sont pas méchants, ils sont élus. Ils sont élus dans une démocratie qui a perdu tous ses garde-fous. La représentation démocratique est devenue un chèque en blanc : on ne rend plus de compte. On se contente d’être content de soi et de défendre son camp. Les défenseurs de la réforme des retraites ne défendent pas que leur système, ils défendent un camp. Ils défendent la force. Ils défendent l’argent.

Dès lors, le mépris vient d’abord de là : ceux qui manquent d’argent, ceux qui ne voient pas la divinité argent, ceux qui osent désirer partager l’argent, ceux qui n’admirent pas l’accumulation d’argent dans peu de mains, ceux qui ne veulent pas faire fructifier l’argent, le capitaliser, ceux-là sont méprisables.

Ils ne peuvent que les mépriser.

Ils se bouchent le nez devant la sale odeur de la justice sociale, ils lèvent le sourcil face à la démonstration des injustices comme si c’était des fables misérables inventées pour déranger leur mythologie financière qui légitime leur violence.

De ce mépris, ils jouissent. De ce mépris, ils se protègent. De ce mépris ils s’inventent une noblesse. Une noblesse qui est un mensonge d’hermine. De ce mépris ils s’habillent pour se trouver beau, pour se sentir beau, si beau en ce miroir social. De ce mépris, ils peuvent transformer les manifestants en casseurs, la violence sociale en justice, et leurs discours en fierté.

Ayant détruit tout ce qui pouvait protéger les faibles, ils attaquent la seule chose qui permettra enfin la soumission totale à l’argent : la dignité.

Alors oui, il ne reste que la désobéissance et la résistance. Oui, il faut soutenir ce mouvement de protestation, il ne s’agit pas seulement d’années de vie, il s’agit de la dignité citoyenne.

Gouverner par le mépris, c’est se croire élu au-dessus du plus vulnérable, et c’est à mes yeux la pire insulte faite à la vie.

dalie Farah