S’il y a bouclier humain, dites-moi où disposer le mien pour protéger les enfants

S’il y a bouclier humain, dites-moi où disposer le mien pour protéger les enfants

S’il y a bouclier humain, dites-moi où disposer le mien pour protéger les enfants

S’il y a bouclier humain
Dites-moi ou disposer le mien
Pour protéger les enfants

je veux mettre mon corps pour
Protéger l’enfant

S’il y a guerre
Dites-moi où sont les armées et le champs de bataille
Montrez-moi la menace des vieillards et des femmes ensevelis

S’il y a symétrie de forces et de destruction
Dites-moi  où est la faim et la désolation
Dites-moi le mot juste
Quand des êtres désarmés sont assassinés
Et le moindre refuge ravagé

S’il y a animaux humains
Dites-moi que j’en suis un
Et pensez à prendre ma vie
Et ne tuez pas les enfants

S’il y a deux camps
Dites-moi quelle ligne de craie sépare les territoires
Pour que les enfants  la suivent à cloche-pied en riant
Qu’ils puissent vivre sur cette ligne protégés de la démence des forces armées

Si vous pensez que je ne comprends rien
Que je n’ai jamais lu de livre d’histoire
Que j’ignore ce qu’est un massacre
Que je suis une traîtresse
Une simplette simpliste
une minable scribe
Dites-moi que vous avez oublié qu’une balle peut tuer un terroriste
Et une injustice en créer cent

Dites-moi alors que le sang des enfants nourrit la terre qu’on ne sait pas aimer

S’il y a défense légitime
Dites-moi ce qui est défendu
Dites-moi ce qui est protégé quand le corps des enfants devient le ciment des décombres.

Dites-moi.

Dites-moi
Comment l’on peut imaginer une fable où les Tyrans sont adulés et légitimés quand ils sont le chaos de vos jours et de vos nuits.
Dites-moi comment vos yeux restent soudés par la sidération et ne voient pas vos mains et les miennes qui se tachent de sang ?
Dites-moi.

Mes pieds sont humides des chairs d’enfants,
L’odeur de la décomposition flotte au-dessus de nos joies
Dites-moi comment le droit n’est pas le droit pour ceux-là qui n’ont plus rien pour dormir manger se laver se soigner ?
Dites-moi comment nous déguisons nos lâchetés en détermination ?
Dites-moi.

Dites-moi ce qu’il faut dire ?
Ce qu’il faut faire ?
Dites moi combien d’innocents il faut sacrifier pour que les mensonges quittent leur rhétorique criminelle ?
Dites-moi à combien de morts d’enfants la vérité sera nue ?
Donnez-moi le chiffre.
Dites-moi si je dois ajouter les miens pour que le compte soit bon.
Vous cherchez le mot otage et ne le trouvez pas. Dites-moi qui les cherche et qui les trouve dans les corps déchiquetés mutilés désarmés ?
Le mieux est de
Chercher à tuer les mots en même temps que les gens
Le mieux est de me chercher un parti
Pour juger ce que je dis

Mon parti est sans drapeau, sans carte, sans poing levé
C’est celui de la vie
et des enfants
Tous les enfants.
Dites-moi que ce n’est
que le mien

Dites-moi à quelle haine je suis affiliée
si je décris l’eau viciée les maladies les archives effacées les familles décimées.

Si des insultes montent à vos lèvres
Si des arguments rougissent vos gencives

Priez.

Priez que jamais vous ne vous rendiez compte de vos mensonges
Priez qu’aucun tourment ne viendra assaillir votre âme dans la nuit
Priez pour trouver des raisons au massacre  de l’humanité
Priez pour la dissolution de tout sens humain

Si vous distinguez la valeur des sémites
Dites-moi à quoi sert la haine qui fait roi

Si la mort des innocents vous semble nécessaire

Priez pour qu’aucun charnier ne vienne contredire ce conte.
Priez pour que les enfants morts soient tous inventés
Priez pour qu’ils soient tous réfugiés dans un paradis heureux.
Écoutez ils chantent et apprennent l’alphabet.

Priez pour que les  survivants ne vous ressemblent pas.
Que leurs yeux et leurs cœurs ne croient pas aux animaux humains.
Dites-moi
Vous qui savez tout
Qui trouvez bon et bien- malgré tout- que l’on enterre les enfants vivants
Que la géopolitique c’est compliqué
Que personne n’a jamais mangé d’omelette sans cassez quelques œufs

Dites-moi ce que feront les orphelins qui n’auront  plus rien à perdre.

Dites-moi si vous voyez le piège des belliqueux ?
Ceux qui font la guerre au nom de la terre qui ne leur demande rien
Un militaire aime la guerre, il doit la faire, il a besoin que vous l’aimiez avec lui.
Ils vendent des guerres propres et légitimes pour ne pas s’asseoir à une table.
Ils ne désirent pas la vie.
Ni celle des otages ni celle des civils.
Ni la vôtre ni la mienne.
Les belliqueux n’aiment pas les traités de paix, le juste partage et le sommeil des enfants.
Vous le savez.
Dites moi que vous les aimez pour ça.
Les belliqueux ne sont pas ennemis à peine des adversaires.
Dites-moi à qui ces crimes profitent.
La loi du talion fabrique des aveugles et des édentés.
Dites moi si vous aimez vos yeux et vos dents.

Les belliqueux choisissent le sang et l’ordre, la force et la mélodie des agonies. Dites-moi que vous voulez danser sur ces mélodies sans vos yeux et sans vos dents.

Nos silences nos danses et nos complicités fabriquent nos assassins et nos tyrans.

Un an que l’on fait semblant
De chercher qui a commencé pour être certain de ne pas en finir. Avec la mort, la destruction et le mensonge.
Le point d’origine de la violence crée une boucle sinistre de reproduction infinie d’enfants parqués et affamés.
Dites moi que vous l’ignorez.

Nous aimons le crime plus que l’enfance.
Dites-moi pourquoi.

Dites-moi comment une parole de paix devient une parole honnie
Quand l’appel au meurtre est galvanisé ?

Regardez vos enfants. Regardez les bien.
Dites-moi ce qui les rend coupables d’être nés ?
Dites-moi pourquoi les enfants de Palestine aujourd’hui doivent porter cette culpabilité ?
Faut-il pour que vous entendiez que j’évoque les enfants ukrainiens et les syriens et les yéménites et les libanais et tous les autres. Faut-il une litanie pour créer l’empathie ?

Un enfant est sans patrie, sans nation, pas les assassins.

Dites-moi que la honte à gagné vos poitrines, que vous voulez le cessez-le-feu et l’humanité.
Je  suis mère imparfaite et faible, femme ridicule et insignifiante, humaine banale et lâche, impure et loin de toute sainteté mais je ne suis pas d’accord.

Dites-moi que vous n’êtes pas d’accord.
Dites-moi que vous ne consentez pas à la mort d’enfants déclarés coupables d’être nés ici ou là.

Décillez vos pères vos mères vos fratries et vos amis, vos ennemis, protégez vos yeux et vos dents.
Que ça cesse.

Il est trop tard et il est encore temps.
De laver un peu notre honte. De regarder les faits en face.
Encore temps de sauver ceux qui restent en vie. De reconstruire.
Créer une souveraineté.
Où la vie de tous les sémites ait égale valeur.
C’est la seule symétrie possible.

Dites-le partout.
Dites-le avec moi.

Que ce texte devienne chant, qu’il soit le vôtre comme il est le mien,
joignez vos murmures,
prononcez-le
criez-le
trouvez la force,

Dites-le partout.
Dites-le avec moi.

#Idisagree
#pasdaccord 

dalie Farah