STOP- Le dire. L’écrire. Le faire ? En librairie le 5 octobre !

STOP- Le dire. L’écrire. Le faire ? En librairie le 5 octobre !

STOP- Le dire. L’écrire. Le faire ? En librairie le 5 octobre !

Ma dignité a tellement été broyée que je n’ai pas la fierté facile. Pourtant, là, je suis fière. Du hasard d’avoir été contactée pour participer à cet ouvrage collectif publié par un éditeur indépendant.

Fou

C’est Olivier Bordaçarre, jamais vu, jamais lu, jamais rencontré, mais il me demande. D’abord, je pense c’est un fou. Un livre d’écrivains pour dire stop aux ravages du capitalisme, c’est comme créer une escadrille de Don Quichotte armés de gommes. C’est pas crédible, c’est pas possible et surtout à quoi bon ?

Puis le syllogisme me convainc : si c’est un fou, son projet est sublime, s’il ne l’est pas, aussi. La possibilité même d’engager un combat démesuré avec l’improbabilité de le gagner, c’est grand et ridicule comme l’humanité. Alors, je dis oui.

J’ai écrit mon texte comme les 67 autres et hier j’ai fini de lire. Ce truc est magnifique. J’ai rarement vécu autant d’intensités répétées dans un ouvrage collectif. Je ne connais quasi aucun d’entre eux, ils sont auteurs/autrices de polars, poètes, dessinateurs, photographes, journalistes, scénaristes et je les ai tous aimés. La sincérité vulnérable et déterminée de leur art m’a bouleversée.

Je me suis sentie appartenir à quelque chose de bien, non pas de ses communautés contentes d’exister dans une autarcie narcissique, mais à une tribu éphémère et accidentelle, quelque chose d’impossible, une cour des miracles où les bossus danseraient comme des étoiles.

Oui, c’est lyrique et c’est pas mon genre, mais que voulez-vous, hier en m’endormant, j’étais joyeuse de la force réelle et manifeste de ce livre.

Car c’est un manifeste littéraire

Chaque texte est une perle en forme de pavé et inversement, chaque texte vient renforcer le désir d’agir et la conviction d’une réalité. Les voix sont multiples et si diverses, si incroyables de singularité que le cri est unanime : STOP.

Le talent des auteurs de polars, de littérature dite noire, ou de genre nous pète la gueule de leur littérarité, j’en ai eu le jabot gonflé de bonheur à déguster leur prose si forte, leur capacité à faire littérature avec des matériaux crus, une langue à faire honte à ceux qui se pensent supérieurs et mieux pourvus par les Muses. Les textes des poètes émeuvent dans leur place même dans le livre, ainsi nus, les vers sont comme acérés, prêts à transpercer la raison et le cœur. Pas d’ennui, pas de verbiage, un geste véritable d’écriture à chaque extrait.

Je ne peux pas citer tous mes rires, tous mes sourires, toutes mes connivences, tous mes « hourra » et « vive la vie  » que la lecture m’a apportée. Vous avez plus bas quelques extraits, mais je peux partager ce poème dont l’ironie fait la justesse et la beauté.

Car c’est un manifeste politique

De quoi ça parle ? Voilà l’argumentaire de la première de couverture :

“ Face à la destruction en cours de l’humain et de la nature, il est plus qu’urgent que les écrivains comme les artistes, affrontent sans détour “la geste“ politique menée dans cette nouvelle ère qu’est le capitalocène. Il ne sert à rien de vouloir cacher, ralentir, de vouloir atténuer la violence mortifère de ce devenir prévisible et fortement documenté. Il faut lancer un pavé de mots pour éclabousser la peur et le vide de ceux qui vivent en pensant
se sauver dans des fabriques de chiffre d’affaire tout en voulant nous noyer dans des flots de mots creux, stupides communications baratinantes et asphyxiantes. À nous lectrices et lecteurs d’en propager les ondes. ”

Mais c’est plus que ça, c’est un manuel de résistance, c’est un album de famille, c’est une fontaine de jouvence, c’est l’écriture des possibles destructeurs comme un horizon refusé. Le capitalisme a déjà capitalisé son apogée dans des narrations apocalyptiques, les films catastrophes nous berceraient presque de l’inéluctable.

J’aimerais être plus précise, vous parler de ce texte où des porcs apparaissent dans une usine et viennent se venger du traitement de leurs semblables, de ce texte sur un corps, un corps qui veut s’appartenir, de ce texte qui parle de respiration, de cet autre où un homme assassine ceux qui ont organisé sa perte, de ce poème sur la guerre et l’Ukraine, de ce texte en colère qui liste tout ce que le capitalisme détruit, de cet autre qui fait des propositions radicales, de cet autre encore qui dit nos complicités passives et humaines. Achetez le, empruntez-le, lisez-le.

Ce livre peut lever nos passivités, nous aider à croire en notre multitude, il faut organiser des débats, des rassemblements et user de ce livre pour ça. Il faut aller voir vos libraires, les médiathèques, les tiers-lieux, les amicales, les clubs de bridge, votre beau-frère et votre boulangère.

Le livre est vendu 15 euros pour 288 pages, cet argent sera reversé à des associations. Ces pages-là redonnent courage parce qu’elles donnent de la joie : c’est là le lieu de la littérature, là qu’elle devient politique.

Tout art qui appelle à la vie est un art politique.

dalie farah

LES AUTEURS
Alain Liévaux, Mouloud Akkouche, Maryse Belloc-Richelle, Laurence Biberfeld, Jean-Luc Bizien, Antoine Blocier, Olivier Bordaçarre, Jeremy Bouquin, Anne Bourrel, Camille Brunel, Gwenaël Bulteau, Fabrice Capizzano, Luc Chatel, Christian Chavassieux, Fabrice Chillet, Danü Danquigny, Samuel Deiler, Dominique Delahaye, Jeanne Desaubry, Pascal Dessaint, Lionel Destremau, Benjamin Dierstein, André Faber, Dalie Farah, Sébastien Gendron, Chrysostome Gourio, Alain Héril, Cyril Herry, Valentine Imhof, Patric Jean, Anouk Langaney et Michèle Pedinielli, Hervé Le Corre, Nicolas Le Flahec, Marin Ledun, Alexandre Lenot, Jérôme Leroy, Jean-Yves Liévaux, Grégoire Magny, Elsa Marpeau, Georges Mérillon, Andrée A. Michaud, Gérard Mordillat, Corinne Morel Darleux, Max Obione, Jean-Hugues Oppel, Philippe Paternolli, Jean-Denys Phillipe, Hubert Prolongeau, Serge Quadruppani, Jean-Marc Raynaud, Jean-Luc Richelle, Yvan Robin, Nicolas Roméas, Thyde Rosell, Christian Roux, Jean-Marc Royon, Sébastien Rutès, Rachid Santaki, Stéphane Servant, François-Henri Soulié, Pierrick Starsky, Sophie Vandeveugle, Edmond Baudoin, Carol Vanni, Jean Vautrin, Marie Vindy, Eric Wittersheim.

Extraits :