Un texte de Sylvie Germain au bac de français. Faut-il être seulement con pour confondre une épreuve et une auteure ?
22 juin 2022 2023-02-05 12:13Un texte de Sylvie Germain au bac de français. Faut-il être seulement con pour confondre une épreuve et une auteure ?
Un texte de Sylvie Germain au bac de français. Faut-il être seulement con pour confondre une épreuve et une auteure ?
J’ai d’abord cru à un fake. Des élèves écrivent à une écrivaine pour l’insulter. On me confirme. Me reconfirme. Je suis occupée, je n’ai pas le temps. Mais le fil de facebook me rapporte comme une mauvaise marée, les relents de l’affaire. Je lis un tweet, deux tweets. Dingue. C’est des malades ? De gros malades. Je lis encore, encore. Ce ne sont pas que des commentaires dépités, mais des menaces. Des menaces de mort. Ce sont de gros gros malades ? Mais comment est-ce possible ? Comment un texte de littérature peut mener à ça ?
Sur internet, je trouve des corrigés du bac auquel je ne comprends rien, des années que je n’ai plus de classe de première. Donc, avec mon agreg, je ne comprends pas les corrigés. J’ai l’impression de lire une paraphrase pauvre et pas d’analyse. Si c’est si simple, pourquoi les corrigés sont si maigres ? C’est pas bon signe. Je réussis enfin à avoir le sujet, je lis.
Voilà l’extrait.
Sylvie Germain (née en 1954), Jours de colère, Chants, «Les frères», 1989 Situé dans un passé indéterminé, le roman de Sylvie Germain Jours de colère prend place dans les forêts du Morvan. Le texte suivant est extrait d’un chapitre intitulé «Les frères». Il présente les neuf fils d’Ephraïm Mauperthuis et de Reinette-la-Grasse.
«Ils étaient hommes des forêts. Et les forêts les avaient faits à leur image. À leur puissance, leur solitude, leur dureté. Dureté puisée dans celle de leur sol commun, ce socle de granit d’un rose tendre vieux de millions de siècles, bruissant de sources, troué d’étangs, partout saillant d’entre les herbes, les fougères et les ronces. Un même chant les habitait, hommes et arbres. Un chant depuis toujours confronté au silence, à la roche. Un chant sans mélodie. Un chant brutal, heurté comme les saisons, - des étés écrasants de chaleur, de longs hivers pétrifiés sous la neige. Un chant fait de cris, de clameurs, de résonances et de stridences. Un chant qui scandait autant leurs joies que leurs colères.
Car tout en eux prenait des accents de colère, même l’amour. Ils avaient été élevés davantage parmi les arbres que parmi les hommes, ils s’étaient nourris depuis l’enfance des fruits, des végétaux et des baies sauvages qui poussent dans les sous-bois et de la chair des bêtes qui gîtent dans les forêts ; ils connaissaient tous les chemins que dessinent au ciel les étoiles et tous les sentiers qui sinuent entre les arbres, les ronciers et les taillis et dans l’ombre desquels se glissent les renards, les chats sauvages et les chevreuils, et les venelles que frayent les sangliers. Des venelles tracées à ras de terre entre les herbes et les épines en parallèle à la Voie lactée, comme en miroir. Comme en écho aussi à la route qui conduisait les pèlerins de Vézelay vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Ils connaissaient tous les passages séculaires creusés par les bêtes, les hommes et les étoiles.
La maison où ils étaient nés s’était montrée très vite bien trop étroite pour pouvoir les abriter tous, et trop pauvre surtout pour pouvoir les nourrir. Ils étaient les fils d’Ephraïm Mauperthuis et de Reinette-la-Grasse».
Bien. So what. Franchement, je m’attendais à pire. Je suis en train de lire Virgile et je ne sais pas comment je vais bien pouvoir expliquer certains passages à mes élèves de prépa l’an prochain.
On note effectivement la nécessité de ce que l’on appelle une compétence encyclopédique concernant le lexique bucolique. Il y a aussi une légère difficulté à interpréter le mode métaphorique et légèrement mystique de l’affaire. Enfin, les textes à teneur descriptive à forte dose poétique se trouvent à mi-chemin entre la poésie et le roman ; pour l’analyse scolaire, c’est pas facile, mais pas de quoi fouetter un chat, encore moins d’insulter une écrivaine. Quel beau texte non ? Quelle douceur pour des jours de colère qui ne sont que dans le titre du livre.
Alors ? Pourquoi tant de réactions violentes ?
Reprenons les faits. Une écrivaine et son texte sont convoqués au bac sans leur consentement pour une épreuve institutionnelle face à des élèves qui ont depuis la réforme un programme fixe et sont interrogés sur…d’autres œuvres*. Bon déjà, ça part mal, pour plusieurs raisons qui m’ont fait abandonner l’enseignement du français en classes de premières.
- L’année du bac de français est le moment où l’on fait le moins de littérature dans son cursus.
- Les heures d’enseignement ont décru et les exigences augmenté
- On parle tout seul pendant des heures, ceux qui suivent, suivent ; la masse reste sur le carreau, écoute- si on n’est pas trop chiant – et note -s’ils ne sont pas trop chiants
- On fait de notre mieux mais souvent ce mieux est de la semi-débrouille : on bachote, balance des textes, des analyses rapides, des plans de commentaires, des fiches de méthode (que je hais) et depuis les nouvelles (et extraordinaires) réformes on balance des conneries innommables sur l’histoire littéraire et notamment la notion de courant sans compter les listes de trucs à savoir (figures de style etc..)
- Une heure de cours consiste à convaincre chaque élève qu’il ne sait rien car on dit des tas de choses et on n’a jamais le temps de lui apprendre à analyser vraiment, à apprendre par lui-même. (Quant à penser par eux-mêmes, c’est pas la peine…) On n’a pas le temps de pratiquer.
- On fait du wikienseignement bas de gamme, moi je déteste.
- Bref, l’enseignement devient une logorrhée maintenue par le prof et la correction de copies désespérantes car on retrouve un pourcentage si faible de la masse d’infos qu’on a donnée…on finit par se demander ce qui s’est passé. Heureusement des élèves qui n’ont pas besoin de nous, font des copies qui nous donnent une bonne image de nous, reprennent quelques trucs, on est quand même rassurés, on se concentre sur les miroirs favorables pour tenir.
- Et surtout, c’est une année où LA NOTE est l’agent majeur de la motivation, la littérature disparaît, on fait du français, pour passer le bac de français.
Je suis lâche, j’ai abandonné.
J’ai arrêté les classes de première parce qu’avec 3 heures par semaine, (classe techno) avec des élèves qui avaient subi déjà plusieurs réformes de réduction d’heures d’enseignement, je n’arrivais plus à bien faire mon travail. Lâche, j’ai abandonné. J’ai adoré les classes de Seconde, ces élèves vifs, pour partie dans l’adolescence et encore un peu dans l’enfance. Puis, est arrivée la souffrances des conseils de classe de seconde, l’orientation, la fameuse et stupide orientation : cette manière de classer les individus en fonction de résultats chiffrés, en fonction de pronostics vitaux fondés sur ses notes de maths, j’ai pas pu. J’ai abandonné les secondes, le jour où on a dit à Martin – un élève incroyable souriant du matin au soir – Martin qui voulait faire L, parce qu’il aimait la littérature, on a dit à Martin, dont j’étais sûr du talent, on a dit à Martin qu’il n’avait pas le niveau. J’en ai pleuré. Je suis allée voir Martin. Lui demander pardon. Lui dire qu’il avait raison de désirer la littérature. Il a refait une seconde ailleurs, puis est allé en L. Mais j’ai abandonné les secondes aussi, j’étais malade avant chaque conseil de classe.
J’ai pu abandonner car je travaille avec des BTS et des prépas que je garde deux ans. Cela ne va pas durer, les réformes commencent à nuire aussi aux BTS techno et aux prépas techniques dans les petits lycées, ce luxe disparaîtra aussi. Depuis trois-quatre ans, j’ai pris conscience et constaté la reproduction des inégalités à l’école, ça m’a dévastée. J’adore mon métier, j’adore les élèves et enseigner avec une lucidité douloureuse parfois…comme beaucoup de mes collègues.
D’autres profs font le job en première avec courage, avec inventivité, avec foi et souvent…une incroyable docilité, ramant et œuvrant comme des forçats vers l’impossible et au-delà : ils font des oraux bénévolement, ils se rendent malades à multiplier les évaluations…certains ont la chance de classes avec des élèves plus protégés, ceux pour qui l’épreuve est calibrée…Le paradoxe c’est que l’ultimatum de l’examen crée une forme de folle émulation…le désir de les faire réussir quand même..
Ce sont les fantoches d’une fabrique misérable du vide et de l’ennui. Ce sont des jeunes convaincus que le bac a de la valeur et qui ont désiré jouer le jeu et avoir une bonne note…La cuvée 2022, c’est toujours la cuvée Covid (jusqu’à quand…), désespérés, absents, sur la défensive, agressifs parfois, bêtes de leurs angoisses sur l’avenir, ils sont rustres et violents d’une aristocratie qu’ils n’ont pas chopée au cours des années passées, ils en sont coupables et innocents.
En prof, je me lasse d’expliquer pour la énième fois qu’un sujet n’est qu’un sujet, que leurs compétences existent de manière permanente, et parfois je m’agace, désespère de ne servir à rien, de proposer des cours complexes et ne pas en trouver traces dans les copies. Et je culpabilise. Je n’y arrive pas. Certains sont écrasés par des questions plus grandes que mes cours, d’autres concentrés sur la note qui leur donnera une bonne place dans la compétition…d’autres pris en tenaille entre la valeur (stupide) d’une note et l’acquisition (impossible) d’une compétence.
Je les rencontre en écrivaine, et je ne crois pas à leur bêtise, je ne crois pas à leur bassesse, je ne crois pas à leur incapacité de penser, ni à leur haine de la langue. Non. C’est tellement plus simple en rencontre littéraire : on fait de la littérature, c’est gratuit et simple. Au contraire, ils aiment les mots, en jouent. Les cadeaux qu’ils me préparent, les textes qu’ils écrivent, les merveilleux poèmes etc. Parfois, on s’égare et ils s’intéressent plus à ma vie qu’à mes livres, oui, c’est vrai. Et alors, c’est le jeu. J’en ai rencontré des centaines et des centaines, je n’ai encore jamais croisé un élève bête en soi. Jamais. Mais faut voir l’énergie qu’il faut pour les profs à organiser des rencontres lycéennes les plus authentiques possibles avec des auteurs contemporains, à faire passerelle entre nos textes et les élèves. A essayer de les amener à penser la littérature en dehors de l’examen. La plupart des profs qui le font le font BENEVOLEMENT sur leur temps propre, privé, ils organisent. Souvent contre des moulins à vents : budget, intendance rétive, chefs contrariants etc. Ce n’est pas prévu par les programmes.
Pourquoi ce texte a-t-il été une épreuve non préméditée par le corps enseignant ?
Ils n’ont pas le temps d’étudier vraiment les textes contemporains. Encore moins de rendre les élèves autonomes face à une esthétique contemporaine affranchie des courants classiques et des p**** de cases de méthodologie.
- Oui, le texte est décontextualisé – ce qui est souvent le cas-. Seuls ceux qui ont des référents peuvent réagir.
- Ils ont cherché à le classer dans un courant, deux ans qu’on leur dit que machin et machine appartiennent à un courant et qu’il faut le mettre dans l’introduction. Pourtant, tout amoureux de la littérature sait que les courants esthétiques ont été décidé a postériori au XIXème siècle, que les cases servent à ranger des conserves pas des écrivains !
- Ils n’ont pas pu utiliser les connaissances et les repères donnés en cours et les appliquer au texte de Sylvie Germain.
- Ce texte n’était pas inaccessible…il pouvait juste être déroutant et dérouter.
C’est pas un problème de niveau – cette fable qui ne veut rien dire. A part le niveau des nappes phréatiques qui se mesurent et dont on voit résolument le niveau baisser en faisant semblant que ce n’est pas le cas…je ne comprends pas cette métaphore du niveau. Quel niveau ? ça se mesure comment ? Je suis prof depuis bientôt trois décennies, et je suis nulle en niveau. Peut-être que moi-même je n’ai pas le niveau et ne l’aurais jamais. Il y a des choses qui se mesurent bien : Nombre d’élèves par classe, nombres d’heures d’enseignement par section, suppression des filières, des parcours qui ont du sens pour des concepts creux et gonflés en baudruche, modification des programme jusqu’à l’absurde (de manière exemplaire l’histoire géo au lycée) etc. Ou tiens, on me dit dans l’oreillette que plusieurs centaines d’heures de français ont disparu en quelques décennies. Déjà en 2015 : « Au total, en 2015, l’élève a perdu, primaire et collège additionnés, entre 522 et 612 heures», conclut l’étude. «Lorsqu’il arrive en seconde, il a eu, sauf aide familiale, autant d’heures d’enseignement qu’un élève arrivant en 4e en 1975.« **
DONC : Beaucoup ne pouvaient pas lire ce texte parce que beaucoup n’y étaient pas préparé. C’est tout.
Être accusée à tort de torts qu’on n’aurait pas commis, c’est absurde. Malveillant.
Sylvie Germain n’est pas censée connaître les conditions d’enseignements mais il faut accepter que les efforts ne paient pas toujours ni pour les profs, ni pour les élèves. Accepter que la véhémence de ces tweets témoigne de la passion mauvaise pour cette mauvaise épreuve et non de sa détestation : c’est qu’on y tient à ce fichu bac.
Observons la situation : 35 degrés au moins, épreuve prévue l’après midi, 4 heures, youpi on attend ça depuis le début de l’année, on a forcé des élèves à lire un auteur, à le comprendre, et à écrire sur lui mais cela n’a pas de rapport avec ce qu’ils ont étudié et encore moins en rapport avec des compétences qu’on aurait eu le temps de transmettre- sauf s’ils les possédaient déjà…. A quel moment c’est de la littérature ? D’habitude ceux qui lisent Sylvie Germain le font quand ils en ont envie et si cela ne leur plait pas, ils laissent le livre. Rien de plus doux que la lecture…la lecture gratuite. L’examen rend la lecture payante, alors comme sur Trip Advisor on donne son avis, on incrimine, on met des notes et on insulte. Une poignée d’élèves ont investi dans un travail et le retour sur investissement va être moindre car ils n’ont pas réussi. C’est la faute au texte. Qu’on le pende haut et court. Usons de l’anonyme et fourbe réseau capable de révolution (certes) et de lynchages, récipiendaire du clash, du bon-mot et de la non-pensée. Et voilà.
…parce qu’on avait par mégarde dévoilé accidentellement le vrai sujet le jour du bac de philo. Par souci d’équité, envoie du sujet par mail, impression en milliers d’exemplaires du sujet dans toutes les Académies. le niveau des nappes phréatiques a baissé : rappelons qu’il faut 500 litres d’eau pour un kilo de papier. (On pourrait aussi faire un paragraphe sur la réduction du personnel administratif et l’augmentation du nombre de ses tâches avec un salaire constant et bas….)
Un petit dernier pour la route : qui a eu l’idée de supprimer l’écriture d’invention au bac, celle où l’on écrit vraiment, celle où les élèves apprenaient à écrire ? C’est qui qui a supprimé l’écriture d’invention, apprentissage d’imitation des auteurs classiques et/ou contemporains ? Oui, bientôt, ils écriront de moins en moins bien et on dira que le niveau a encore baissé… pour ceux qui ne peuvent apprendre qu’à l’école. Pour les autres – mes gosses par exemple – ils auront des compléments et même s’il le faut des cours particuliers.
Des livres m’ont amenée à interroger mon rapport à l’école, ma place d’enseignante. Ceux que j’ai écrits bien sûr, mais surtout ceux que j’ai lus. Je fais le constat que j’ai toujours plaisir à retrouver mes élèves – tous mes élèves – mais que j’ai de plus en plus honte de l’institution, j’ai toujours beaucoup de plaisir à parler littérature et philosophie mais plus en plus de peine à voir certains de mes élèves souffrir et faire des efforts pour rien. ( en ce qui concerne leur examen) Aucun examen n’est capable de mesurer le chemin parcouru. Depuis leur trois ans ils sont à l’école, depuis leur trois ans, ils comptent leurs joies scolaires sur leurs doigts et les réformes budgétaires s’en foutent.
Alors, faut-il être seulement con pour confondre une épreuve et un auteur ?
(corollaire éventuel : un tweet avec son tweeteur ?)
Pourquoi les élèves ne se révoltent pas contre leurs conditions d’étude ? Contre parcoursup ? Contre ces programmes ? Pourquoi les élèves ne se manifestent pas pour que les profs soient mieux payés ? Pour que la lecture et la rencontre d’auteurs vivants soient prévues dans le budget de l’éducation nationale ? Pourquoi ne pas se battre pour une formation à la littérature et non au bachotage débile ? Pourquoi ne pas réclamer l’abrogation de cette réforme à la carte qui a tué des formations et surtout tué le groupe classe ? Pourquoi ne pas demander l’abrogation de cette école qui les transforme en semi-agneaux susceptibles de hurler au loup pour rien ? Pourquoi acceptent-t-ils une école qui a mis l’art au ban de l’enseignement, qui a mis les pratiques artistiques, esthétiques, manuelles, techniques au ban de l’enseignement ?
Et les éditorialistes, les chroniqueurs qui s’angoissent du niveau qui baisse pourquoi ne réclament-ils pas avec nous des leviers, une nouvelle école qui s’intéresserait vraiment à son public : les enfants ? On s’énerve contre la canicule et on se fout de la gueule des écolos…et le niveau de l’eau baisse. On se plaint des urgences engorgées et on gueule contre la grève des infirmières. On déteste les profs en France, de plus en plus et nos ministres ont bien aidé à ce mépris, mais cela fait des années et des années qu’on hurle, qu’on pleure et qu’on exprime une désolation structurelle…
C’est le plus triste. Loin de voir le désordre, le chaos injuste du vivant, la manière dont on tue la jeunesse, les jeunes se consacrent au symptôme de leur frustration, les autres aussi, les bacheliers cherchent soulagement sans réfléchir aux causes profondes. Doit-on les imiter ? Derrière cette agitation, je vois la docilité et la soumission face à la force et la réaction facile face à l’écrivaine seule, devenue provisoirement réceptacle de leurs angoisses et de leurs colères. C’est triste et détestable. Il est normal que Sylvie Germain réagisse à la violence, normal qu’elle ne sache pas tout ça et que peut-être cela ne change rien pour elle. Mais il est inexact et assez injuste de se servir d’elle comme prétexte à juger le produit d’un système avant de juger le système lui-même.
On tape de tous les côtés, on se sert de cette femme-écrivaine et au fond on tape toujours à côté. On aime bien taper en fait.
Je me rappelle d’un président qui avait moqué la Princesse de Clèves, moqué la nécessité de la lire. Cela nous avait tous donné envie de l’étudier, et il m’arrive très souvent en écrivaine qu’on me demande de comparer mes petites filles d’Impasse Verlaine à la Princesse de Clèves.
Qui avait ri avec le président Sarkozy ? Sans doute certains qui s’indignent aujourd’hui des tweets des élèves. La littérature a bon dos…
Alors ce que je voudrais, c’est que cette séquence polémique soit féconde et amène à lire davantage Sylvie Germain, à lire les auteurs contemporains et tiens, pour remonter le niveau (des nappes phréatiques), on pourrait leur lire à haute voix ? Inviter des comédiens à faire entendre les textes, à partager nos jours de colère écrits dans la solitude de nos nuits.
dalie Farah
*https://www.education.gouv.fr/bo/21/Hebdo5/MENE2036974N.htm
**https://www.liberation.fr/desintox/2016/04/06/800-heures-de-francais-disparues-a-l-ecole-vallaud-belkacem-veut-tacler-sarkozy-et-rate-son-coup_1444406/
**https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-vrai-du-faux/le-nombre-d-heures-de-francais-au-college-a-t-il-baisse-au-fil-des-annees-comme-l-affirme-jean-michel-blanquer_4650189.html
Évolution des horaires de français au collège
30 ans de « réformes » : 1972-2002 (et il nous manque 20 ans) et qu’on aille voir du côté des maths…
Horaires de 6e :
1972 : 6 heures élève (3 + 3) / 9 heures professeur
1977 : 5 heures élève + 1 heure de soutien / 6 heures professeur (1)
1986 : 4 h 30 élève / 4 h 30 professeur
1996 : 4 h-6 h élève / 6 heures professeur
2002 : 4 h 30-5 heures élève (4 + 0,5 ou 5) / 5 heures professeur
Horaires de 5e :
1973 : 6 heures élève (4 + 2) / 8 heures professeur
1978 : 5 heures élève + 1 heure de soutien / 6 heures professeur (1)
1986 : 5 heures élève / 5 heures professeur
1987 : 4 h 30 élève / 4 h 30 professeur
1997 : 4 h-5 h 30 élève / indéterminé
2002 : 4 heures élève (+ 1 h IDD éventuellement) / 4 heures professeur (+ 1 h IDD éventuellement)
Horaires de 4e :
1974 : 5 heures élève (4 + 1) / 6 heures professeur (2)
1979 : 5 heures élève / 5 heures professeur (1)
1986 : 5 heures élève / 5 heures professeur
1988 : 4 h 30 élève / 4 h 30 professeur
1998 : 4 h-5 h 30 élève / indéterminé
2003 : 4 heures élève (+ 1 h IDD éventuellement) / 4 heures professeur (+ 1 h IDD éventuellement)
Horaires de 3e :
1975 : 5 heures élève (5 + 0) / 5 heures professeur (3)
1980 : 5 heures élève / 5 heures professeur (1)
1986 : 5 heures élève / 5 heures professeur
1989 : 4 h 30 élève / 4 h 30 professeur
1999 : 4 h 30 élève / indéterminé
[2004 : 4 h 30 élève / 4 h 30 professeur]